Lu sur French morning, Miami
Catherine Cusset (écrivain, auteur d’Un brillant avenir, Prix Goncourt des Lycéens 2008) poursuit sa série de rencontres avec des artistes francophones de New York. Aujourd’hui, la biographe et critique d’art Annie Cohen-Solal.
Quand je la retrouve au restaurant Docks de Midtown, non loin de chez elle, Annie Cohen-Solal me demande d’emblée si ma fille est inscrite au Lycée français de New York et s’indigne énergiquement de ma réponse négative. Tout son discours pour la remise de la légion d’honneur, me dit-elle, a été un éloge du Lycée français, où son fils fut élève avant d’entrer à l’université Johns Hopkins: dans le secondaire, l’éducation française est la meilleure qui soit, et dans le monde d’aujourd’hui, l’appartenance à deux cultures est la plus grande richesse possible, qu’il serait un crime de ne pas cultiver. J’écoute et hoche la tête, un peu honteuse (même si ma fille est parfaitement bilingue). À n’en pas douter, Annie Cohen-Solal est une militante.
Son attachement au lycée français a une autre cause, plus anecdotique et personnelle. Quand son fils Archibald y était élève, Annie, prise un samedi d’un violent mal de dents, est allée consulter dans l’urgence un autre parent d’élève, un dentiste égyptien. En bavardant avec lui, elle a découvert que sa femme venait d’Algérie et faisait partie de la grande famille des Bengana : elle avait été mise au monde par le propre père d’Annie, le chirurgien Georges Cohen-Solal, professeur d’histologie, collectionneur et sculpteur, véritable homme de la Renaissance. Les familles Bengana, musulmane, et Cohen-Solal, juive et installée en Algérie depuis des générations, étaient amies. Cinquante ans après, elles se retrouvent à New York grâce au Lycée français. Le hasard de cette rencontre a suscité en elle le désir très fort de renouer avec ses origines algériennes: ce pourrait être le sujet de son prochain livre.
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