L-iPad,-une-révolution-de-la-lecture
Par André Rouillé
20 mai 2010 dans Paris-art
Numéro 316
Depuis quelques semaines, le mot «révolution» refleurit dans la presse. Non pas, comme jadis, à propos d’une insurrection sociale et politique qui aurait fait sauter les verrous de l’oppression dans un pays martyr, ni au sujet d’une œuvre inouïe qui serait venue ébranler les normes esthétiques en vigueur, mais, signe des temps, à l’occasion de la sortie prochaine en France de l’iPad, la déjà célèbre tablette numérique d’Apple: «Un produit magique et révolutionnaire, à un prix incroyable», affirme le slogan de la firme, qui, autre signe des temps, n’hésite pas à replier dans la marchandise les imaginaires de la magie et de la révolution.
La magie et la révolution ont quitté l’univers toujours incertain des processus sociaux pour celui très balisé des technologies accessibles à bas prix. Ainsi, le «magique et révolutionnaire» iPad arrive sur le marché des technologies numériques trois ans après l’iPhone qui a révolutionné l’usage de la téléphonie mobile en l’associant à la navigation sur internet, à l’envoi et la consultation des mails, et à des milliers d’applications pratiques d’une facilité d’utilisation inégalée.
Avec la tablette iPad, qui devrait trouver sa place et ses usages entre l’ordinateur et le smartphone, ce sont le livre (auquel 400 applications sont d’ores et déjà dédiées), et surtout la presse, qui pourraient radicalement rentrer dans l’ère de la diffusion et de l’économie numériques. Après les images et les sons — photos, films, vidéos, jeux vidéos, télévision —, ce sont les livres, les magazines et les journaux qui vont connaître les turbulences du numérique dans la période prochaine.
La légèreté, la qualité d’écran et la maniabilité de l’iPad vont mettre le numérique en situation de concurrencer plus encore le papier. Mais c’est fondamentalement la lecture elle-même qui va se transformer en profondeur par la mise en réseau et le stockage des textes, et surtout par la puissance des applications d’assistance à la lecture grâce à des fonctions de recherche, de prise de notes, d’analyse, de documentation.
Autant les conditions de l’écriture ont changé avec les logiciels de «traitement de texte», autant la lecture à son époque numérique va sensiblement se distinguer de la lecture de l’époque du papier et de l’imprimerie.
Suite sur le site de Paris-art